Archives par mot-clé : New York

pomme perdue 3Un texte de Lilith Jaywalker, trouvé dans le zine Permafrost

Quand elle était petite, Lilith participait à tous les jeux de tirage du fromage Kiri ou du cacao Banania dans l’espoir de gagner le voyage en Amérique qui lui ferait découvrir Disneyland et les gratte-ciels de New York. Pour tout prix, elle ne reçut que quelques bons d’achat qui eurent néanmoins le mérite de faire d’elle une enfant incrédule.

Les années passèrent et l’adolescence venue, Mickey cessa brusquement de l’obséder. En revanche, elle rêvait toujours de croquer la grosse pomme. Elle dut patienter encore un peu, mais la vingtaine tout juste révolue, le temps d’une saison – celle de l’été indien 1981 – Lilith eut le privilège de sacrifier par trois fois ses semelles de cuir aux trottoirs d’un Bowery jonché de tessons de bouteilles et autres seringues usagées.

Le Boeing de la British Airways amorça son atterrissage un début de soirée, penché sur le côté au-dessus de la baie de Manhattan éclairée comme un gâteau d’anniversaire ou une vitrine de Noël et Lilith eut du mal à croire que c’était là son allure habituelle. Elle était impressionnée par ces géants qui lui semblaient avoir revêtu leur costume de fête en velours sombre aux mille boutons dorés et ne s’être dressés vers le ciel que pour l’accueillir, elle – juste pour que son rêve devienne réalité – en lui tendant les bras, tout en lui chuchotant à travers le hublot : – Bienvenue Lilith ! – Mais t’as encore rien vu, tu sais, attends d’être en bas…

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Un Young Lord se souvient…

Young_Lords_1Dans les années 1960 et 70, des jeunes latinos de New York s’auto-organisèrent au sein du Parti des Young Lords (littéralement les « Jeunes Seigneurs). Comme les Panthères Noires, cette organisation pratiqua l’action directe, rejeta le pacifisme et eut un caractère explicitement anti-capitaliste [sans compter son enracinement populaire… cela la rend intéressante malgré son verbiage marxiste- léniniste-maoiste et nationaliste – NdT]. Richie Perez (1944-2004) relate ses expériences et donne un aperçu de l’histoire du groupe.
Première partie

« Nous ne sommes pas tombéEs du ciel : les luttes de notre peuple ont créé les Young lords ».

Avons nous échoué ? Avons nous réussi ? Comment nous évaluer ? Comment pouvons nous juger/évaluer les générations (ou les secteurs progressistes dans chaque génération) ? Et comment nous évaluons nous NOUS-MÊMES ?

Est-ce qu’ils/elles ont avancé le point de départ pour la génération suivante ? Est-ce qu’ils/elles ont relié la génération suivante à la lutte pour la liberté – que CHAQUE génération doit mener ? Ont-ils/elles créé des structures organisationnelles pour faire cela ?

Ont-ils/elles construit la capacité combattante de notre communauté en contribuant à la préservation et au renforcement de l’existant ou au développement de nouveaux/elles leaders populaires ? Ont-ils/elles élevé le niveau idéologique et politique de la communauté ?

Ont-ils/elles simultanément préservé notre culture tout en la faisant progresser (c’est à dire le Hip-Hop comme continuation de la tradition orale, de la centralité de la danse…) ? Ont-ils/elles porté une attention particulière au développement politique des femmes et des jeunes (et en conséquence défié la domination masculine/patriarcale dans notre mouvement) ?

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Palante*! Une brève histoire des Young Lords

04c49d32d5aa6bddf8f7b597c7d0e732Une courte histoire sur les Young Lords (littéralement « les Jeunes Seigneurs »), un gang portoricain qui, dans les années 70,  évolua en organisation politique marxiste.

Cela commença un dimanche dans les rues d’El Barrio (littéralement « Le Quartier », à East Harlem), New York, en 1969. Des tas d’ordures pourrissantes avaient été laissés se décomposer dans la communauté portoricaine, même si le camion benne du service de voirie était juste à côté du bloc. Durant des semaines les gens balayèrent patiemment les rues et mirent en sacs eux/elles mêmes les ordures, attendant que la municipalité fasse son travail. La communauté essaya chaque avenue et donna toutes les chances à la municipalité de remplir ses plus élémentaires fonctions. Mais la bureaucratie ne répondit pas. Vieux et vieilles, jeunes, agents hospitaliers, étudiants et petits commerçants commencèrent à traîner au milieu de la rue les ordures qui avaient été laissées à pourrir sous le soleil de l’été, construisant des barricades de plus d’un mètre. Et pour être sûrs que le trafic sur la 3ème avenue n’allait pas être possible, ils mirent le feu aux ordures. Quand la municipalité vint finalement, c’était le NYPD (New York Police Department – NdT) et les pompiers, pas le service de la voirie. La communauté les accueillit avec une grêle de pierres, de bouteilles et d’ordures. Les Young Lords avaient été impliqués dans l’organisation du nettoyage des rues durant des semaines et maintenant ils menaient l’offensive.

« Les rues et moi appartenons au peuple ! La lune appartient au peuple ! Le pouvoir au peuple ! » criait la communauté. Tandis que les pauvres flics essayaient de traîner les ordures fumantes, les Young Lords célébraient leur première victoire, gagnant les cœurs de la communauté portoricaine et s’attirant la colère du NYPD.

L’organisation des Young Lords de New York (le Parti des Young Lords plus tard) fut fondé par un groupe d’étudiants principalement portoricains venant des facs SUNY-Old Westbury, du Queens et de l’université de Columbia. Ils étaient inspirés par le Parti des Panthères Noires (Black Panther Party, BPP) et un groupe de Chicago, dans l’Illinois, appelé les Young Lords. Les Young Lords de Chicago avaient attiré l’attention au niveau national en prenant possession d’une église locale afin de fournir des soins aux enfants, un programme de petits-déjeuners et d’autres programmes orientés vers la communauté.

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Occupy, cette agaçante interruption du business as usual

Un petit texte déjà publié il y a un peu plus d’un an sur internet, qui donne un aperçu sur le grand mouvement qui a bien secoué les États-Unis d’octobre à décembre 2011. Un point de vue enthousiaste sur le mouvement Occupy par Charles Reeves.

occupy

Les révoltes du printemps arabe ont fait tomber des gouvernements autocratiques, remplacés dans la foulée par des régimes de démocratie parlementaire, dans lesquels les classes dirigeantes ont pu préserver leur pouvoir — confirmant, une fois de plus, la nature commune de ces deux formes de gouvernement des pauvres. Avec le mouvement des Indignés européens – grecs et espagnols en particulier – nous avons fait un saut qualitatif, nous sommes passés à la critique des systèmes représentatifs. Et cette critique est maintenant reprise et développée, outre-Atlantique, par le mouvement Occupy. Que ces questions soient posées dans la société constituant la clé de voûte du système capitaliste est en soi d’une grande importance.

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