Archives de catégorie : Traductions

D’Assata Shakur à Michael Brown le racisme d’état Américain persiste

arton453Ceux qui résistent sont traités comme des terroristes : cette année à Ferguson, dans les années 60 et 70 pour d’autres militants noir.es et moi-même.

Bien que la violence de l’État raciste ait été un problème récurrent dans l’histoire des descendants d’Africains en Amérique du Nord, elle est devenue particulièrement remarquable durant l’administration du premier président Africain-américan, dont l’élection avait pourtant été largement interprétée comme un signe annonciateur de l’avènement d’une nouvelle ère, une ère post-raciale.

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Notes d’Alabama

Community Free Clinic  exterior FLEXY todayTexte de Curtis Price. Repris du site Article 11.

Je patiente dans une file d’attente du dispensaire d’Huntsville, Alabama. Dernier recours médical, il est fréquenté par les pauvres et les ouvriers du coin qui ne sont pas couverts par le très restrictif programme de sécurité sociale de l’Alabama. Beaucoup des utilisateurs de ce service gratuit ont un emploi, mais ce dernier ne leur assure aucune forme d’assurance santé. Tenu par des bénévoles, le lieu constitue l’ultime bouée de sauvetage médicale pour nombre de personnes, quel que soit le type de soin dont ils ont besoin.

Aujourd’hui, on renouvelle les ordonnances. Un rendez-vous qui a lieu deux fois par semaine. Le dispensaire a recours au programme d’approvisionnement gratuit proposé par les compagnies pharmaceutiques. Cela lui permet couvrir les ordonnances aux personnes incapables de payer. Intitulé « Soins charitables », ce service n’est en rien offert dans un but philanthropique par ces compagnies. Elles le voient plutôt comme un bon moyen de rejeter d’un bloc toute autre volonté d’améliorer la prise en charge publique des politiques de santé ou de fixer un plafond au prix des médicaments qui s’envole.

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San Francisco : Interview avec le collectif Homes Not Jails !

Extrait de Fireworks n° 2, un petit journal anarchiste de San Francisco et alentours, paru à l’été 2013. Traduit par nos soins.

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Le collectif Homes Not Jails (HNJ) de San Francisco a été créé en 1992 en réponse au nombre très important de personnes à la rue, alors que dans le même temps il y avait énormément de maisons vides depuis des mois ou des années. A travers la réappropriation discrète de maisons vides, l’occupation de bâtiments publics et l’action directe, HNJ vise à satisfaire le droit humain de base qui est que tout le monde puisse avoir un logement sûr et gratuit. Le collectif s’occupe, par exemple, de repérer régulièrement des maisons vides en arpentant les rues et permet ainsi à celles et ceux qui en ont besoin de se loger pour quelques nuits. Le collectif est influencé par des slogans du genre « La propriété c’est du vol » ou bien « la propriété c’est de la violence » : « Il y a chaque nuit des personnes condamnées à dormir dans la rue, des personnes blessées, des personnes affamées, en train de crever, ou harcelées par la police… Comment dire que ce n’est pas de la violence, alors qu’il y a toutes ces maisons qui ne sont pas utilisées ? »

Homes Not Jails tient chaque semaine une réunion « action » en plus des ateliers réguliers d’éducation populaire. Les réunions du mardi soir permettent aux gens qui ont besoin d’un endroit pour la nuit de passer immédiatement à l’action. Lorsque l’assemblée commence, les personnes venues se présentent, puis expliquent si elles ont besoin ou non d’un logement pour la nuit ou si elles peuvent aider aux repérages après la réunion : « Quand on est dans une situation d’extrême galère pour la nuit à venir, c’est un peu compliquer d’aider directement à repérer des maisons. C’est pourquoi il y a un lieu dédié à l’accueil des gens pour la première nuit », dit le collectif HNJ. Une fois que la question de l’hébergement pour la nuit est réglée et que les rencarts sont pris pour la semaine, les personnes de l’assemblée forment des « équipes de recherche » pour partir repérer les maisons vides.

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Interview avec ZigZag sur le mouvement Idle No More

zz_int5Entretien réalisé en janvier 2013 pour le blog Sketchythoughts. La traduction a été réalisé à plusieurs mains…

Zig Zag, aussi connu sous le nom de Gord Hill, est un indien Kwakwaka’wakw et qui est un participant de longue date des mouvements de résistance anticoloniaux et anticapitalistes au «Canada». Gord est l’auteur du 500 Years of Indigenous Resistance Comic Book et du The Anti-Capitalist Resistance Comic Book. Il s’occupe aussi du blog warriorpublications.wordpress.com.

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Grand Jury : des nouvelles de l’inquisition à l’encontre des anarchistes du Northwest

800_1Une petite traduction d’un article de Fifth Estate n° 389 (été 2013) qui revient rapidement sur les suites du bras de fer entre les anarchistes du nord-ouest des States et le grand jury qui les ciblent tout particulièrement depuis juillet 2012. Le grand jury est une procédure « exceptionnelle » (sic) où des personnes sont convoquées pour « témoigner » sans être pour autant mis en examen. Le refus de témoigner, c’est-à-dire de collaborer et de balancer des informations est un crime qui conduit en taule. Le même genre de  crime existe en Allemagne : dans l’affaire concernant Sonia (toujours détenue) et Christian – les deux ont plus de 65 ans – inculpés pour des faits datant des années 70, Sibylle (la soixantaine également) a refusé de témoigner en avril 2013 et s’est pris 4 mois de prison uniquement pour ça. Solidarité sans frontières !

Les anarchistes luttant contre le « grand jury » retrouvent leur liberté.

Jusqu’à la fin février 2013, trois anarchistes résistants au grand jury,  Matt Duran, Katherine « KteeO » Olejnik, et Maddie Pfeiffer, étaient maintenus à l’isolement dans la prison fédérale de Seattle. Les trois refusent de coopérer à une enquête gouvernementale sur le mouvement anarchiste du Northwest. Au début, les interrogatoires se sont focalisés sur les dégradations survenues pendant les 1er mai 2012 à Seattle. Mais après un grand nombre de questions posées pendant les auditions du grand jury, il est devenu évident que les différentes forces de police, aussi bien fédérales que locales, étaient intéressées par bien d’autres choses. Le 27 février 2013,  un juge fédéral a décidé que Duran et Olejnik avaient fait preuve de leur détermination à refuser de témoigner, et ils ont été libérés de prison après y avoir passé cinq mois. Pfeiffer est sorti de l’isolement fin février et libéré pour les mêmes raisons que les deux autres le 11 avril après avoir passé plus de 4 mois dedans.

Le gouvernement a l’intention de dresser la carte et de réprimer les groupes anarchistes et leurs connections en utilisant de gros moyens de surveillance, comme il l’a déjà fait par le passé avec les mouvements radicaux. Les documents du FBI révèlent que les agences gouvernementales surveillaient les anarchistes du Northwest déjà bien avant les évènements du 1er mai, où des manifestants, dont certains vêtus de noir, ont attaqué les vitres et les portes du tribunal fédéral William Kenzo Nakamura, des banques, ainsi que les vitrines de certains magasins dans le centre-ville. Un autre activiste du Northwest, qui a également été convoqué et mis en prison pour son refus de témoigner, a été relâché après seulement une semaine de détention. On ne sait pas si cette  libération est survenue ou non après « témoignage » à propos des réseaux anarchistes.

En juillet 2012, le tribunal fédéral local avait lancé des convocations et des mandats de recherche. Cela a servi de prétexte à de violentes perquisitions dans des maisons de Seattle et d’Olympia dans l’Etat du Washington, et des logements de Portland en Oregon. Les agents fédéraux y avaient alors saisi du matériel informatique et électronique, des vêtements et de la littérature politique. Alors que le gouvernement garde généralement secrets l’objectif et le contenu des procédures de grand jury, les procureurs fédéraux, eux, disent que ces interrogatoires font partie d’une grande enquête pour « crime violent en cours » (« ongoing vilolent crime »).

La solidarité avec les personnes qui refusent en acte le grand jury comprend les courantes manifestations de soutien devant les tribunaux, les diffusions de tracts, les concerts de soutien et les levées de fond pour les dépenses d’avocats et les mandats, ainsi que l’envoi de lettres de protestation aux procureurs, et bien-sûr la correspondance avec les prisonniers. Mais la solidarité s’exprime aussi par les activités débordant le cadre légal, comme le fait d’accrocher des banderoles, de faire des graffitis, de mettre hors-service les caméras de vidéosurveillance, et même des appels pour des attaques en ligne contre les sites du gouvernement, comme l’a fait le groupe de hackers Anonymous.

Plusieurs personnes ont anticipé le fait d’être convoquées devant le grand jury et semblent tout simplement être parties en vacances. L’un d’entre eux, l’activiste de Portland, Kerry Cunneen, qui avait reçu une convocation, a refusé de coopérer et de soumettre volontairement à une mise en détention. Il a affirmé dans un communiqué : « Je ne coopérerais pas avec ce grand jury et je n’aiderais pas non plus et d’aucune manière l’Etat dans sa volonté d’enfermer des gens. Je réaffirme fermement ma solidarité avec les actions… de la manifestation du 1er mai et avec toutes celles réalisées à l’encontre de l’Etat et du Capital et dont l’objectif est une société plus libre. » Dans un entretien radio de janvier 2013, Cunneen a rajouté, « Je refuse de comparaître car je méprise l’Etat… Je refuse de les aider parce que je suis pour l’abolition des prisons. Je refuse cela avec une haine viscérale pour la loi et tout ce qu’elle signifie. Je suis content de ce petit peu de résistance que je peux apporter quand je refuse de leur donner des informations. Je respecte et j’admire Matt, KteeO, et Maddy, pour avoir fait le sacrifice  de se présenter devant le tribunal et de s’être ainsi fait enfermés pour une durée indéterminée. Je ne suis juste pas enthousiaste à l’idée de faire le moindre pas en direction d’une cellule. »

D’autres convocations avec des charges criminelles pourraient très bien être envoyées par ce grand jury avant le terme prévu de l’enquête en mars 2014, à moins que le terme ne soit lui-même repoussé.

Plus d’infos :

North Dakota, Road 85, la nouvelle ruée vers l’or noir.

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150 kilomètres de route rectiligne au milieu de la pampa, du wilderness, et des pâturages à perte de vue du Dakota du Nord. Mais depuis quelques années, cette ancienne terre de bisons et d’indiens, constitue le nouvel eldorado américain, paradis moderne pour quiconque veut se faire un bon petit paquet  d’oseille sans trop craindre les boues toxiques engendrées par l’extraction des pétroles et autres gaz de schiste. Voilà que ce petit tronçon de route est devenu en cinq ou six années, le nouveau centre stratégique de la production d’hydrocarbures des Etats-Unis. Ces derniers seraient, avec cette découverte, à nouveau quasi autonomes au niveau énergétique. Et les experts et autres ingénieurs de service d’assurer qu’il y en a encore pour 15 bonnes années à extirper la substantifique moelle,  les 7 milliards de barils qui s’y trouvent. Alors, les gars accourent de tous les Etats, qui pour conduire les camions, qui pour les réparer, qui pour bosser au fracking, qui pour construire la 2×3 voies… En espérant ainsi pouvoir rembourser le crédit contracté au pays, éponger leur dettes, voire même peut-être mettre un peu d’argent de côté. Les salaires sont encore élevés pour l’instant, de l’ordre de 10000 dollars par mois d’après les chiffres officiels. 65000 jobs ont déjà été pris et au moins 20000 autres attendent preneurs. Mais quand la main d’œuvre se fera moins rare et que les postes seront tous pourvus gageons que les patrons s’empresseront de baisser les payes… Que restera-t-il  alors ? Seulement les conditions précaires de travail à bosser durement plus d’heures par jour qu’il n’y en a de soleil en hiver ? Seulement les caravanes pourries dans lesquelles on loge pour ne pas voir toute sa thune partir en motel ? Ou bien, une région sinistrée aux sols ravagés ? On verra bien. Pour l’instant c’est la ruée vers l’or.

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