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Petite histoire de la George Jackson Brigade

couvSortie du livre Petite histoire de la George Jackson Brigade d’Aviv Etrebilal chez Ravage Editions.

L’histoire de la George Jackson Brigade, groupe armé révolutionnaire et anti-autoritaire, est une histoire belle et sulfureuse, un récit de courage et de détermination méconnu et passionnant. Mais il ne serait pas intéressant d’en livrer un tableau hagiographique parfait, qui sonnerait bien faux. Dans cette Petite histoire de la George Jackson Brigade, nous explorerons l’histoire de ce groupe armé qui a opéré dans la région de Seattle au milieu des années 70, contre le système carcéral d’abord, mais aussi contre le capitalisme et la domination en général. Nous en profiterons également, à travers les parcours atypiques de ses membres, pour explorer quelques expériences rares de gangs de prisonniers homosexuels et transgenres, composés d’anarchistes et autres rebelles contre le sexisme, l’homophobie, les pratiques et la culture du viol et de l’esclavage sexuel dans le milieu carcéral, ainsi que contre toutes les prisons.

Sur Seattle, contre Seattle : Metropolis (2012) – Episodes 1 à 11

arton8Metropolis a été réalisé en 2012. À Seattle, à propos de Seattle et contre Seattle.

Épisode 1 – Introduction

Épisode 2 – Light rail

Épisodes 3-4 – Energy – Hydroelectricity

Épisode 5

Épisode 6

Épisode 7

Épisode 8

Épisode 9 – L’empire Microsoft (début)

Épisode 10 – X-box

Épisode 11 – L’empire Microsoft (partie 2)

 

Repris du site Lundi matin.
Playlist Youtube du film en entier (en anglais).

Les IWW dans la grève générale de Seattle de 1919

Strikers gather groceries as the strike begins.Une tentative de compréhension de l’implication réelle des IWW [Industrial Workers of the World, Travailleurs Industriels du Monde, syndicat révolutionnaire, regroupant des travailleurs/euses non qualifiés par branche industrielle] dans la grève générale de Seattle de 1919, tentative entravée par les mythes créés par la presse capitaliste et les leaders syndicaux de l’AFL de l’époque [American Federation of Labour, Fédération Américaine du Travail, qui regroupe essentiellement des travailleurs qualifiés dans des syndicats de métier, sur une base réformiste].

La grève générale de Seattle est un événement très important dans l’histoire du Nord-Ouest du Pacifique. Le 6 février 1919, les travailleurs/euses de Seattle devinrent les premierEs dans l’histoire des Etats-Unis à participer à une grève générale officielle. Cependant, beaucoup de gens savent très peu, si ce n’est rien, sur cette grève. Il est possible que le caractère capital de l’événement ait été perdu du fait de l’absence de violence, ou peut-être est-ce parce qu’il n’y eut pas de changements visibles dans la ville à la suite de l’événement. Mais la grève est une étape importante pour le mouvement ouvrier aux États-Unis, ne serait-ce que pour ce qu’elle représente. Les travailleurs/euses ont exprimé leur puissance à travers une action massive de solidarité, et ont démontré à la nation la puissance potentielle de la main d’oeuvre organisée. C’était une époque où les travailleurs/euses étaient généralement diviséEs selon des lignes idéologiques qui les empêchaient de parvenir très souvent à de telles actions de masses.
Pour beaucoup à l’époque, cependant, la grève représentait quelque chose d’autre: quelque chose de plus sinistre et extrême. Pour beaucoup des locaux/ales de Seattle, la grève était le début d’une tentative de révolution par les «IWW » et d’autres ayant les mêmes tendances radicales. Ces gens virent l’échec de la grève comme le triomphe du patriotisme dans la face du radicalisme parti trop loin. L’obstination de ces conservateurs/rices à voir les IWW derrière la grève à ce moment-là a créé un mystère quant à l’importance réelle du rôle des « Wobblies » [surnom donné aux membres des IWW] dans la grève générale de Seattle.

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Grand Jury : des nouvelles de l’inquisition à l’encontre des anarchistes du Northwest

800_1Une petite traduction d’un article de Fifth Estate n° 389 (été 2013) qui revient rapidement sur les suites du bras de fer entre les anarchistes du nord-ouest des States et le grand jury qui les ciblent tout particulièrement depuis juillet 2012. Le grand jury est une procédure « exceptionnelle » (sic) où des personnes sont convoquées pour « témoigner » sans être pour autant mis en examen. Le refus de témoigner, c’est-à-dire de collaborer et de balancer des informations est un crime qui conduit en taule. Le même genre de  crime existe en Allemagne : dans l’affaire concernant Sonia (toujours détenue) et Christian – les deux ont plus de 65 ans – inculpés pour des faits datant des années 70, Sibylle (la soixantaine également) a refusé de témoigner en avril 2013 et s’est pris 4 mois de prison uniquement pour ça. Solidarité sans frontières !

Les anarchistes luttant contre le « grand jury » retrouvent leur liberté.

Jusqu’à la fin février 2013, trois anarchistes résistants au grand jury,  Matt Duran, Katherine « KteeO » Olejnik, et Maddie Pfeiffer, étaient maintenus à l’isolement dans la prison fédérale de Seattle. Les trois refusent de coopérer à une enquête gouvernementale sur le mouvement anarchiste du Northwest. Au début, les interrogatoires se sont focalisés sur les dégradations survenues pendant les 1er mai 2012 à Seattle. Mais après un grand nombre de questions posées pendant les auditions du grand jury, il est devenu évident que les différentes forces de police, aussi bien fédérales que locales, étaient intéressées par bien d’autres choses. Le 27 février 2013,  un juge fédéral a décidé que Duran et Olejnik avaient fait preuve de leur détermination à refuser de témoigner, et ils ont été libérés de prison après y avoir passé cinq mois. Pfeiffer est sorti de l’isolement fin février et libéré pour les mêmes raisons que les deux autres le 11 avril après avoir passé plus de 4 mois dedans.

Le gouvernement a l’intention de dresser la carte et de réprimer les groupes anarchistes et leurs connections en utilisant de gros moyens de surveillance, comme il l’a déjà fait par le passé avec les mouvements radicaux. Les documents du FBI révèlent que les agences gouvernementales surveillaient les anarchistes du Northwest déjà bien avant les évènements du 1er mai, où des manifestants, dont certains vêtus de noir, ont attaqué les vitres et les portes du tribunal fédéral William Kenzo Nakamura, des banques, ainsi que les vitrines de certains magasins dans le centre-ville. Un autre activiste du Northwest, qui a également été convoqué et mis en prison pour son refus de témoigner, a été relâché après seulement une semaine de détention. On ne sait pas si cette  libération est survenue ou non après « témoignage » à propos des réseaux anarchistes.

En juillet 2012, le tribunal fédéral local avait lancé des convocations et des mandats de recherche. Cela a servi de prétexte à de violentes perquisitions dans des maisons de Seattle et d’Olympia dans l’Etat du Washington, et des logements de Portland en Oregon. Les agents fédéraux y avaient alors saisi du matériel informatique et électronique, des vêtements et de la littérature politique. Alors que le gouvernement garde généralement secrets l’objectif et le contenu des procédures de grand jury, les procureurs fédéraux, eux, disent que ces interrogatoires font partie d’une grande enquête pour « crime violent en cours » (« ongoing vilolent crime »).

La solidarité avec les personnes qui refusent en acte le grand jury comprend les courantes manifestations de soutien devant les tribunaux, les diffusions de tracts, les concerts de soutien et les levées de fond pour les dépenses d’avocats et les mandats, ainsi que l’envoi de lettres de protestation aux procureurs, et bien-sûr la correspondance avec les prisonniers. Mais la solidarité s’exprime aussi par les activités débordant le cadre légal, comme le fait d’accrocher des banderoles, de faire des graffitis, de mettre hors-service les caméras de vidéosurveillance, et même des appels pour des attaques en ligne contre les sites du gouvernement, comme l’a fait le groupe de hackers Anonymous.

Plusieurs personnes ont anticipé le fait d’être convoquées devant le grand jury et semblent tout simplement être parties en vacances. L’un d’entre eux, l’activiste de Portland, Kerry Cunneen, qui avait reçu une convocation, a refusé de coopérer et de soumettre volontairement à une mise en détention. Il a affirmé dans un communiqué : « Je ne coopérerais pas avec ce grand jury et je n’aiderais pas non plus et d’aucune manière l’Etat dans sa volonté d’enfermer des gens. Je réaffirme fermement ma solidarité avec les actions… de la manifestation du 1er mai et avec toutes celles réalisées à l’encontre de l’Etat et du Capital et dont l’objectif est une société plus libre. » Dans un entretien radio de janvier 2013, Cunneen a rajouté, « Je refuse de comparaître car je méprise l’Etat… Je refuse de les aider parce que je suis pour l’abolition des prisons. Je refuse cela avec une haine viscérale pour la loi et tout ce qu’elle signifie. Je suis content de ce petit peu de résistance que je peux apporter quand je refuse de leur donner des informations. Je respecte et j’admire Matt, KteeO, et Maddy, pour avoir fait le sacrifice  de se présenter devant le tribunal et de s’être ainsi fait enfermés pour une durée indéterminée. Je ne suis juste pas enthousiaste à l’idée de faire le moindre pas en direction d’une cellule. »

D’autres convocations avec des charges criminelles pourraient très bien être envoyées par ce grand jury avant le terme prévu de l’enquête en mars 2014, à moins que le terme ne soit lui-même repoussé.

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