Archives par mot-clé : anars

Petite histoire de la George Jackson Brigade

couvSortie du livre Petite histoire de la George Jackson Brigade d’Aviv Etrebilal chez Ravage Editions.

L’histoire de la George Jackson Brigade, groupe armé révolutionnaire et anti-autoritaire, est une histoire belle et sulfureuse, un récit de courage et de détermination méconnu et passionnant. Mais il ne serait pas intéressant d’en livrer un tableau hagiographique parfait, qui sonnerait bien faux. Dans cette Petite histoire de la George Jackson Brigade, nous explorerons l’histoire de ce groupe armé qui a opéré dans la région de Seattle au milieu des années 70, contre le système carcéral d’abord, mais aussi contre le capitalisme et la domination en général. Nous en profiterons également, à travers les parcours atypiques de ses membres, pour explorer quelques expériences rares de gangs de prisonniers homosexuels et transgenres, composés d’anarchistes et autres rebelles contre le sexisme, l’homophobie, les pratiques et la culture du viol et de l’esclavage sexuel dans le milieu carcéral, ainsi que contre toutes les prisons.

Texte du compagnon Mickael Kimble, condamné à la prison à perpétuité

imageVoici un texte du compagnon Mickael Kimble, incarcéré depuis 28 ans à la prison de haute-sécurité ‘Holman’ à Atmore (Alabama, USA). Noir, homosexuel et anarchiste, il a été condamné à la prison à perpétuité pour avoir tué un blanc raciste et homophobe. Après de nombreux refus de libération conditionnelle par l’administration pénitentiaire, une nouvelle demande a été émise pour décembre 2015.

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Voitures, fusils, autonomie

Avalanche-FR-3Sur les subtilités de la révolte récente à Ferguson, Missouri.

Ce qui suit est la transcription d’une conversation entre deux amis peu de temps après le soulèvement de Ferguson, Missouri. ( + + + ) était là, et (***) n’y était pas, mais nous avons tous les deux participé à des soulèvements anti-policiers au cours des dernières années dans la West Coast et le Midwest. Nous publions ce texte dans le but d’explorer la complexité des événements récents aux Etats-Unis, mais aussi de contribuer aux discussions et attaques en cours contre l’ordre existant, partout.

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Fireworks n°3

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Sortie, qui date déjà un peu c’est vrai, du n°3 de « Fireworks – a Bay Area anarchist news magazine« , journal anar de San Francisco, Oakland et alentours. Au sommaire, la lutte contre la surveillance et les caméras, la bataille contre Google et la gentrification de la ville, le compte-rendu des initiatives et actions des réseaux « antagonistes » comme ils disent, et un retour sur la grande grève de la faim qui a secoué les prisons californiennes durant l’été 2013 (30000 taulards en mouvement !)…

Grand Jury : des nouvelles de l’inquisition à l’encontre des anarchistes du Northwest

800_1Une petite traduction d’un article de Fifth Estate n° 389 (été 2013) qui revient rapidement sur les suites du bras de fer entre les anarchistes du nord-ouest des States et le grand jury qui les ciblent tout particulièrement depuis juillet 2012. Le grand jury est une procédure « exceptionnelle » (sic) où des personnes sont convoquées pour « témoigner » sans être pour autant mis en examen. Le refus de témoigner, c’est-à-dire de collaborer et de balancer des informations est un crime qui conduit en taule. Le même genre de  crime existe en Allemagne : dans l’affaire concernant Sonia (toujours détenue) et Christian – les deux ont plus de 65 ans – inculpés pour des faits datant des années 70, Sibylle (la soixantaine également) a refusé de témoigner en avril 2013 et s’est pris 4 mois de prison uniquement pour ça. Solidarité sans frontières !

Les anarchistes luttant contre le « grand jury » retrouvent leur liberté.

Jusqu’à la fin février 2013, trois anarchistes résistants au grand jury,  Matt Duran, Katherine « KteeO » Olejnik, et Maddie Pfeiffer, étaient maintenus à l’isolement dans la prison fédérale de Seattle. Les trois refusent de coopérer à une enquête gouvernementale sur le mouvement anarchiste du Northwest. Au début, les interrogatoires se sont focalisés sur les dégradations survenues pendant les 1er mai 2012 à Seattle. Mais après un grand nombre de questions posées pendant les auditions du grand jury, il est devenu évident que les différentes forces de police, aussi bien fédérales que locales, étaient intéressées par bien d’autres choses. Le 27 février 2013,  un juge fédéral a décidé que Duran et Olejnik avaient fait preuve de leur détermination à refuser de témoigner, et ils ont été libérés de prison après y avoir passé cinq mois. Pfeiffer est sorti de l’isolement fin février et libéré pour les mêmes raisons que les deux autres le 11 avril après avoir passé plus de 4 mois dedans.

Le gouvernement a l’intention de dresser la carte et de réprimer les groupes anarchistes et leurs connections en utilisant de gros moyens de surveillance, comme il l’a déjà fait par le passé avec les mouvements radicaux. Les documents du FBI révèlent que les agences gouvernementales surveillaient les anarchistes du Northwest déjà bien avant les évènements du 1er mai, où des manifestants, dont certains vêtus de noir, ont attaqué les vitres et les portes du tribunal fédéral William Kenzo Nakamura, des banques, ainsi que les vitrines de certains magasins dans le centre-ville. Un autre activiste du Northwest, qui a également été convoqué et mis en prison pour son refus de témoigner, a été relâché après seulement une semaine de détention. On ne sait pas si cette  libération est survenue ou non après « témoignage » à propos des réseaux anarchistes.

En juillet 2012, le tribunal fédéral local avait lancé des convocations et des mandats de recherche. Cela a servi de prétexte à de violentes perquisitions dans des maisons de Seattle et d’Olympia dans l’Etat du Washington, et des logements de Portland en Oregon. Les agents fédéraux y avaient alors saisi du matériel informatique et électronique, des vêtements et de la littérature politique. Alors que le gouvernement garde généralement secrets l’objectif et le contenu des procédures de grand jury, les procureurs fédéraux, eux, disent que ces interrogatoires font partie d’une grande enquête pour « crime violent en cours » (« ongoing vilolent crime »).

La solidarité avec les personnes qui refusent en acte le grand jury comprend les courantes manifestations de soutien devant les tribunaux, les diffusions de tracts, les concerts de soutien et les levées de fond pour les dépenses d’avocats et les mandats, ainsi que l’envoi de lettres de protestation aux procureurs, et bien-sûr la correspondance avec les prisonniers. Mais la solidarité s’exprime aussi par les activités débordant le cadre légal, comme le fait d’accrocher des banderoles, de faire des graffitis, de mettre hors-service les caméras de vidéosurveillance, et même des appels pour des attaques en ligne contre les sites du gouvernement, comme l’a fait le groupe de hackers Anonymous.

Plusieurs personnes ont anticipé le fait d’être convoquées devant le grand jury et semblent tout simplement être parties en vacances. L’un d’entre eux, l’activiste de Portland, Kerry Cunneen, qui avait reçu une convocation, a refusé de coopérer et de soumettre volontairement à une mise en détention. Il a affirmé dans un communiqué : « Je ne coopérerais pas avec ce grand jury et je n’aiderais pas non plus et d’aucune manière l’Etat dans sa volonté d’enfermer des gens. Je réaffirme fermement ma solidarité avec les actions… de la manifestation du 1er mai et avec toutes celles réalisées à l’encontre de l’Etat et du Capital et dont l’objectif est une société plus libre. » Dans un entretien radio de janvier 2013, Cunneen a rajouté, « Je refuse de comparaître car je méprise l’Etat… Je refuse de les aider parce que je suis pour l’abolition des prisons. Je refuse cela avec une haine viscérale pour la loi et tout ce qu’elle signifie. Je suis content de ce petit peu de résistance que je peux apporter quand je refuse de leur donner des informations. Je respecte et j’admire Matt, KteeO, et Maddy, pour avoir fait le sacrifice  de se présenter devant le tribunal et de s’être ainsi fait enfermés pour une durée indéterminée. Je ne suis juste pas enthousiaste à l’idée de faire le moindre pas en direction d’une cellule. »

D’autres convocations avec des charges criminelles pourraient très bien être envoyées par ce grand jury avant le terme prévu de l’enquête en mars 2014, à moins que le terme ne soit lui-même repoussé.

Plus d’infos :

Montréal, là où sourient les flics…

20100610-172144-gÉtrange aperçu de la vie quotidienne montréalaise que de passer quelques jours à sillonner la capitale du Québec. On se représente le Canada un peu comme les pays scandinaves, c’est-à-dire un de ces pays où tout-le-monde-il-est-beau-il-est-gentil. Un de ces endroits où tout le monde bosse car il y a du travail, où chacun fait son job honnêtement parce que c’est simplement comme ça que ça se passe.

Eh bien, difficile d’être déçu. Au contraire, être plongé dans cette sérénité du quotidien est bien déconcertant. On est, tour à tour, rapidement tenté de se laisser gagner par cette bonne humeur générale, et terriblement angoissé par ce monde parfait sans saveurs sans tensions sans passions. Comment décrire ce léger embarras lorsque le commerçant qui va te refourguer sa marchandise te lance un « Salut ! Ça va bien ?! » d’un air jovial et complice comme si on était pote, frère, camarade, ou peut-être seulement concitoyen ? Comment expliquer le choc et la gêne que tu te prends quand tu te retrouves pris dans une espèce de quiproquo avec un flic et qu’il te gratifie d’un sourire et même d’un rire de bon cœur ? Étrange, brrr…, terrifiant… Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ?

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