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[Baltimore] Couvre-feu et état d’urgence décrétés en réponse à l’intensification des émeutes – 27 avril 2015

bal-students-residents-clash-with-police-at-mo-034Lundi 27 avril 2015 avait lieu la cérémonie d’enterrement de Freddie Gray à Baltimore en fin de matinée. Malgré tout le travail des religieux d’en faire une marche blanche pieuse et silencieuse, la colère a rapidement pris le dessus. Tout serait parti d’un groupe de 70 à 100 adolescents provenant des quartiers populaires du nord-ouest de la ville, qui ont commencé à canarder les flics de projectiles en tous genres (qui ont été contraints de reculer), détruit des véhicules de police stationnés dans les rues à coups de battes de baseball. Mais cette fois-ci, la majorité a été incendié. L’émeute a atteint son apogée par la suite avec plusieurs pillages de magasins et une nouvelle fois du supermarché de la chaîne ‘7-Eleven’. Une pharmacie de la chaîne ‘CVS’ a aussi été dépouillée avant d’être incendiée. Lors de l’intervention des pompiers pour y éteindre les flammes qui en sortaient, un émeutier a foutu des coups de couteau dans les tuyaux d’arrosage, sabotant proprement leur travail. Au moins un centre commercial (situé à l’ouest de la ville) a été attaqué et pillé: à l’intérieur, il ne restait plus grand chose dans le magasin de chaussures ‘Shoe City’ et dans un magasin de jeux vidéo, qui a été livré aux flammes.

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[Los Angeles 1992] Le contexte d’un soulèvement prolétarien

19920004Texte de Aufheben. Repris de la brochure « Les émeutes de Los Angeles (mai 1992)« .

« Le 29 avril 1992, Los Angeles explosait dans ce qui devait constituer l’un des plus importants soulèvements urbains du siècle aux États-Unis. L’armée fédérale, la garde nationale et les forces de police venues de tout le pays mirent 3 jours pour rétablir l’ordre. Entre-temps les habitants de L.A. s’étaient réappropriés des millions de dollars de marchandises et avaient détruit pour plus d’un milliard de dollars de capital immobilier. »

Au-delà de l’image : les faits

Parce que la plupart de nos informations sur l’émeute nous sont parvenues par les médias capitalistes, il est nécessaire d’évaluer les distorsions que cela a créé. Tout comme lors de la guerre du Golfe, les médias ont donné l’impression d’une immersion complète dans la réalité alors qu’en fait ils fabriquaient une version falsifiée des événements. Alors que pendant la guerre du Golfe il y eut un effort concret de désinformation, à Los Angeles la distorsion fut moins le produit de la censure que de la totale incompréhension des médias de la bourgeoisie face à cette insurrection prolétarienne.

Le passage à tabac de Rodney King en 1991 ne fut pas un incident isolé, et s’il n’avait été filmé, il serait passé inaperçu ― perdu dans la logique de la répression raciste de la police qui caractérise si bien la domination capitaliste en Amérique. Mais, dès lors que cet incident de la vie quotidienne fut signalé à l’attention générale, il prit valeur de symbole. Tandis que le flot de l’information télévisée noyait l’événement dans le cours de l’interminable procédure juridique, les yeux des habitants de South Central restaient fixés sur un cas qui focalisait leur colère contre un système dont le calvaire de King était l’illustration parfaite. Dans tout le pays, mais spécialement à L.A., on sentait et on attendait que, quel que soit le résultat du procès, les autorités feraient les frais de la colère populaire. Pour les habitants de South Central, l’incident King ne fut qu’un déclic. Ils ignorèrent les appels de l’intéressé à l’arrêt du soulèvement parce qu’il n’en était pas la cause. La rébellion se fit contre le racisme qui s’exerçait tous les jours dans la rue, contre la répression systématique des cités, contre la réalité du racisme quotidien du capitalisme américain.

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[Los Angeles 1992] Los Angeles n’était qu’un début

5_92F_15Texte de Mike Davis. Repris de la brochure « Les émeutes de Los Angeles (mai 1992)« .

Le bûcher des illusions

Los Angeles : un transport de troupes blindé occupe le coin de la rue ― un gran sapo feo, un gros crapaud moche, comme dit Emerio, un gamin de neuf ans. Ses parents évoquent avec anxiété, presque en murmurant, les desaparecidos : Raul, de Tepic, ou le grand Mario, la fille des Flores ou le cousin d’Ahuachapan. Comme tous les Salvadoriens, ils savent, d’expérience, à quoi s’en tenir sur les « disparitions » ; ils se souviennent de la guerre, au pays, des corps sans tête et de l’homme dont la langue avait été passée par le trou ouvert dans sa gorge, lui faisant comme une sorte de cravate. C’est bien pour ça qu’ils vivent maintenant à Los Angeles, Californie.

Maintenant, ils font le compte de ceux de leurs amis et voisins, Salvadoriens ou Mexicains, qui ont brusquement disparu. Certains sont encore dans les prisons du comté, comme autant de grains de sable bruns perdus parmi les 12 545 autres prétendues saqueadores (pillards) et incendarios (incendiaires) emprisonnés après ce qui fut la plus violente émeute populaire aux États-Unis depuis que les pauvres irlandais brûlèrent Manhattan en 1863. Ceux qui étaient sans papiers sont probablement déjà de retour à Tijuana, sans un sou et désespérés, brutalement coupés de leur famille et de leur nouvelle vie. En violation de la politique municipale, la police a livré à l’INS (Services de l’immigration) des centaines de malchanceux saqueadores sans-papiers voués à l’expulsion avant même que l’ACLU et les associations qui défendent les droits des immigrés aient réalisé qu’ils avaient été arrêtés.

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Voitures, fusils, autonomie

Avalanche-FR-3Sur les subtilités de la révolte récente à Ferguson, Missouri.

Ce qui suit est la transcription d’une conversation entre deux amis peu de temps après le soulèvement de Ferguson, Missouri. ( + + + ) était là, et (***) n’y était pas, mais nous avons tous les deux participé à des soulèvements anti-policiers au cours des dernières années dans la West Coast et le Midwest. Nous publions ce texte dans le but d’explorer la complexité des événements récents aux Etats-Unis, mais aussi de contribuer aux discussions et attaques en cours contre l’ordre existant, partout.

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De Ferguson à Oakland

La nature et l’enchaînement des évènements qui se sont produits ces deux dernières semaines dans la baie de San Francisco sont inédits. On peut parler d’une révolte. Celle-ci s’inscrit dans le cadre du mouvement national grandissant déclenché par les émeutes de Ferguson suite à l’exécution par la police de Michael Brown ; mais elle est à placer aussi dans la continuité des luttes qui se sont développées depuis 2009 à Oakland à la suite de la mort d’Oscar Grant.

Pour dire l’ampleur de ce qui s’est déroulé depuis le rendu du grand jury à Ferguson, il ne nous est simplement plus possible de faire le décompte des autoroutes bloquées, des magasins pillés et des affrontements avec la police. Ce genre de chose arrive désormais quasiment toutes les nuits depuis plus de deux semaines. Environ 600 personnes ont été arrêtées, de nombreux quartiers d’affaires de l’Est de la baie ont leur façades recouvertes de planches et on s’est désormais habitué au survol constant des hélicoptères de police et de télévision qui chaque nuit traquent une potentielle nouvelle émeute. Des forces de police militarisées venues du nord de la Californie sont désormais régulièrement déployées dans nos rues. Oakland, Berkeley, San Francisco, et Emeryville ont toutes connues des affrontements et des pillages.

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Ferguson : L’incendie impossible à éteindre

ferguson3L’assassinat policier de Mike Brown et l’éruption qui s’en est suivie à Ferguson et un peu partout aux États-Unis ont soulevés des questions sur la valeur de la vie racialisée et sur les formes de lutte contre la race qui émergent par rapport au déplacement, à la paupérisation et militarisation de la police.
RL [l’auteur, NdT] fait état de l’évolution d’une jeune génération militante qui a un rapport différent à la race et l’appartenance de classe…

Nous vivons encore dans l’ombre de la crise financière mondiale. Maintenant, bien qu’apparaissant comme un lointain souvenir, avec la vague de luttes qui traînait dans son sillage, les ramifications de la crise sont encore en œuvre aujourd’hui. Ralentissement du PIB autour du Monde, taux de chômage élevé, paupérisation diffuse parmi la population … tous les gouvernements portent une fonction purement négative, s’engageant dans un méli-mélo de demi-mesures inefficaces destinées à prévenir la dissolution sociale. À cet égard, nous sommes tout à fait d’accord avec l’analyse d’End Notes d’un présent pris dans une logique d’attente, dans laquelle la crise mondiale du capital est pour l’instant au point mort et les forces de désintégration sont tenues à distance. [1]

Dans les limites de ces circonstances, une masse croissante de l’humanité est abandonnée tandis que l’économie vacille. Pour que la société capitaliste continue son cours, la masse croissante de l’humanité excédentaire doit, en quelque sorte, être «intégrée» à la société de classe, en dépit de son «inutilité» sociale à sa reproduction. En l’absence de toute résolution sociale de la paupérisation croissante, la situation est pour l’instant résolue idéologiquement par sa criminalisation et, pratiquement, par la punition. L’augmentation de la paupérisation et l’exclusion qui en découle, doit donc être justifiée et normalisée. L’accroissement des inégalités sociales devient un problème de confinement et sa solution, un contrôle croissant.

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De Ferguson à Oakland, « nous allons brûler toute cette merde » (24-25 novembre 2014)

36da0dc8e3924cfeb13e47437dee0946-36da0dc8e3924cfeb13e47437deLundi 24 novembre, la justice américaine a rendu publiquement sa décision de non-lieu pour le flic Darren Wilson, qui a tué le jeune Mike Brown le 9 août 2014. Un scénario d’impunité connu et attendu, maintes fois vécu à travers le monde, d’Athènes à Ferguson, en passant par Paris. Mais nous n’avons rien à attendre de l’Etat, vu que ses mêmes agents armés et assermentés éliminent, enferment quotidiennement des centaines d’indésirables parce que noir-es, pauvres et/ou insoumis. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que cette mise en scène de l’Etat américain (soutenu par les réactionnaires et les médias) avait pour but de faire rentrer les citoyens au bercail, avec comme objectif de rétablir la paix sociale alors même que les feux de la révolte illuminaient les rues de Saint-Louis et du Missouri. Cette délibération du grand jury, reportée de jour en jour, a permis à l’Etat de pouvoir se préparer à l’explosion de rage collective – notamment en décrétant l’état d’urgence et en préparant ses troupes (tous les corps policiers, ainsi que la Garde Nationale (l’armée)). De nombreux commerces s’étaient aussi barricadés en prévision du verdict… En vain.

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Toujours de la tension à Ferguson, Missouri

A1C60C4A-4EFF-4279-9BF3-3754F34B6F3C_cx0_cy3_cw99_mw1024_s_n_r1-e1411911231781Coups de feu sur deux flics samedi 27 septembre au soir après un début de semaine émeutier.

 

Le samedi 27 septembre 2014, on apprend par la presse américaine que deux flics (un en service et l’autre en civil) ont été atteints par des tirs d’armes à feu à Ferguson et St-Louis. Tout ceci est une réponse à l’oppression de la police: entre harcèlements, tabassages et tirs souvent mortels, incarcérations au quotidien… et récemment à l’assassinat du jeune Mike Brown début août à Ferguson.

Le porte-parole de la police du comté de Saint-Louis, Brian Schellman, dont dépend Ferguson, a confirmé que le premier agent avait été touché par balle, à un bras, samedi lors d’une patrouille. Voyant un homme fuir alors qu’il lui demandait ce qu’il faisait là, le policier s’est lancé à sa poursuite et «l’homme a tiré des coups de feu» sur lui, a expliqué le porte-parole. Le policier a tiré à son tour et on ignore si le suspect, qui demeurait introuvable, a été atteint.

Plus tard dans la nuit, un autre policier a été la cible de tirs provenant d’un nombre inconnu d’assaillants à Saint Louis alors qu’il conduisait sur une autoroute et n’était pas de service. L’agent a été légèrement blessé par des éclats de verre de son véhicule touché par balle, mais n’a pas répliqué, selon la police. «On ne sait pas pour l’instant si l’agent était personnellement visé ou s’il a été la cible d’un acte aveugle de violence», a dit Brian Schellman.

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Récit d’une semaine de révolte à Ferguson

4-176Ce qui a commencé comme un mouvement de protestation après 10 jours de mépris soutenu a fait quelques pas hésitants vers la révolte. La situation ici est encore fluide et mûre avec du potentiel. Localement, les gens sont surpris que des troubles similaires ne se soient pas déclenchés dans d’autres villes. Si elle venait à se propager, le périmètre ici s’élargirait probablement. Il est difficile de se faire une idée de la façon dont les gens en dehors de la région métropolitaine interprètent ce qui se passe ici. Ce qui suit sont quelques observations de résidents de St Louis et participants à la lutte qui pourrait donner une image plus claire de cette nouvelle réalité étrange.

Voitures, flingues et révolte en Amérique

West Florissant est la route principale qui traverse le comté de St-Louis et le nord de la ville. Une étendue d’un quart de mile de la route a été le lieu de rassemblement pour les manifestants. Juste à l’extérieur de ça, dans un parking de centre commercial, c’est la zone de transit commune pour la police (venant de la Ville, du comté, ainsi que des dizaines de petites communes), la Highway Patrol, et la garde nationale. La petite portion est le foyer de nombreux commerces pillés et brûlés (à des degrés divers) incluant la chaîne de magasins QT – qui est devenu un point de repère, de destination touristique, et un lieu de rassemblement pour les manifestants. Canfield Drive se croise avec cette zone de west florissant, une route qui mène aux subdivisions et complexe d’appartements où Mike Brown a été tué. La police craint de s’aventurer trop loin dans Canfield.

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Emeutes à Ferguson, Missouri – août 2014

fergus_mikeDans l’après-midi du samedi 9 août 2014, un adolescent noir de 18 ans, Mike Brown dit « Mike Mike », a été assassiné par un flic du service de police de la ville de Ferguson, située à 12 miles environ au nord-ouest de la ville de S-Louis (Missouri, centre des Etats-Unis). Il a été abattu de plusieurs balles (6 dans le dos et 2 dans la tête)*. Des centaines de résidents se sont immédiatement rassemblés autour du lieu de l’assassinat, débordant sur la rue principale, W. Florissant, et en la bloquant partiellement. Des gens et proches en pleurs se sont rendus sur le lieu du meurtre et ont été accueillies avec des fusils d’assaut et des chiens policiers, tandis que la police fermaient l’accès à la ville en bloquant la rue principale (Florissant). La nuit suivante, le dimanche 10 août, une autre veillée aux chandelles a été appelée par la famille de Mike et des multiples garants de la paix sociale (paroisses diverses et associations, dont la NAACP**). Cet événement, qui a réuni plus d’un millier de personnes, a pris rapidement et naturellement une toute autre tournure. Les larmes de tristesse se sont transformées en actes de rage. Un résumé de récits d’anarchistes ayant participé à cette nuit de révolte :

fergus12Les manifestant-es se sont rassemblé-es dimanche soir dans une atmosphère pacifique et de peur, où des personnes ont défilé dans les rues et devant la police avec les mains en l’air (en référence avec l’attitude que Mike Brown a eu face aux flics). Mais peu de gens étaient calmes, et très rapidement des centaines de personnes ont convergé massivement en allant en direction des lignes de flics aux cris « assassins », « nique la police » (le nombre de participant-es oscillant entre 600 et 1000)… Quelques objets pleuvent sur les flics, des véhicules de police passent à travers la foule tout doucement mais la quatrième voiture est bloquée par des manifestant-e-s, qui montent sur le capot, donnent des coups de pieds sur la carrosserie: des vitres sont pétées, et des manifestant-es ouvrent de force une portière mais la voiture part brusquement avant que les flics à l’intérieur puissent y être extraits. Beaucoup de monde renonce à avoir peur.

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Grand Jury : des nouvelles de l’inquisition à l’encontre des anarchistes du Northwest

800_1Une petite traduction d’un article de Fifth Estate n° 389 (été 2013) qui revient rapidement sur les suites du bras de fer entre les anarchistes du nord-ouest des States et le grand jury qui les ciblent tout particulièrement depuis juillet 2012. Le grand jury est une procédure « exceptionnelle » (sic) où des personnes sont convoquées pour « témoigner » sans être pour autant mis en examen. Le refus de témoigner, c’est-à-dire de collaborer et de balancer des informations est un crime qui conduit en taule. Le même genre de  crime existe en Allemagne : dans l’affaire concernant Sonia (toujours détenue) et Christian – les deux ont plus de 65 ans – inculpés pour des faits datant des années 70, Sibylle (la soixantaine également) a refusé de témoigner en avril 2013 et s’est pris 4 mois de prison uniquement pour ça. Solidarité sans frontières !

Les anarchistes luttant contre le « grand jury » retrouvent leur liberté.

Jusqu’à la fin février 2013, trois anarchistes résistants au grand jury,  Matt Duran, Katherine « KteeO » Olejnik, et Maddie Pfeiffer, étaient maintenus à l’isolement dans la prison fédérale de Seattle. Les trois refusent de coopérer à une enquête gouvernementale sur le mouvement anarchiste du Northwest. Au début, les interrogatoires se sont focalisés sur les dégradations survenues pendant les 1er mai 2012 à Seattle. Mais après un grand nombre de questions posées pendant les auditions du grand jury, il est devenu évident que les différentes forces de police, aussi bien fédérales que locales, étaient intéressées par bien d’autres choses. Le 27 février 2013,  un juge fédéral a décidé que Duran et Olejnik avaient fait preuve de leur détermination à refuser de témoigner, et ils ont été libérés de prison après y avoir passé cinq mois. Pfeiffer est sorti de l’isolement fin février et libéré pour les mêmes raisons que les deux autres le 11 avril après avoir passé plus de 4 mois dedans.

Le gouvernement a l’intention de dresser la carte et de réprimer les groupes anarchistes et leurs connections en utilisant de gros moyens de surveillance, comme il l’a déjà fait par le passé avec les mouvements radicaux. Les documents du FBI révèlent que les agences gouvernementales surveillaient les anarchistes du Northwest déjà bien avant les évènements du 1er mai, où des manifestants, dont certains vêtus de noir, ont attaqué les vitres et les portes du tribunal fédéral William Kenzo Nakamura, des banques, ainsi que les vitrines de certains magasins dans le centre-ville. Un autre activiste du Northwest, qui a également été convoqué et mis en prison pour son refus de témoigner, a été relâché après seulement une semaine de détention. On ne sait pas si cette  libération est survenue ou non après « témoignage » à propos des réseaux anarchistes.

En juillet 2012, le tribunal fédéral local avait lancé des convocations et des mandats de recherche. Cela a servi de prétexte à de violentes perquisitions dans des maisons de Seattle et d’Olympia dans l’Etat du Washington, et des logements de Portland en Oregon. Les agents fédéraux y avaient alors saisi du matériel informatique et électronique, des vêtements et de la littérature politique. Alors que le gouvernement garde généralement secrets l’objectif et le contenu des procédures de grand jury, les procureurs fédéraux, eux, disent que ces interrogatoires font partie d’une grande enquête pour « crime violent en cours » (« ongoing vilolent crime »).

La solidarité avec les personnes qui refusent en acte le grand jury comprend les courantes manifestations de soutien devant les tribunaux, les diffusions de tracts, les concerts de soutien et les levées de fond pour les dépenses d’avocats et les mandats, ainsi que l’envoi de lettres de protestation aux procureurs, et bien-sûr la correspondance avec les prisonniers. Mais la solidarité s’exprime aussi par les activités débordant le cadre légal, comme le fait d’accrocher des banderoles, de faire des graffitis, de mettre hors-service les caméras de vidéosurveillance, et même des appels pour des attaques en ligne contre les sites du gouvernement, comme l’a fait le groupe de hackers Anonymous.

Plusieurs personnes ont anticipé le fait d’être convoquées devant le grand jury et semblent tout simplement être parties en vacances. L’un d’entre eux, l’activiste de Portland, Kerry Cunneen, qui avait reçu une convocation, a refusé de coopérer et de soumettre volontairement à une mise en détention. Il a affirmé dans un communiqué : « Je ne coopérerais pas avec ce grand jury et je n’aiderais pas non plus et d’aucune manière l’Etat dans sa volonté d’enfermer des gens. Je réaffirme fermement ma solidarité avec les actions… de la manifestation du 1er mai et avec toutes celles réalisées à l’encontre de l’Etat et du Capital et dont l’objectif est une société plus libre. » Dans un entretien radio de janvier 2013, Cunneen a rajouté, « Je refuse de comparaître car je méprise l’Etat… Je refuse de les aider parce que je suis pour l’abolition des prisons. Je refuse cela avec une haine viscérale pour la loi et tout ce qu’elle signifie. Je suis content de ce petit peu de résistance que je peux apporter quand je refuse de leur donner des informations. Je respecte et j’admire Matt, KteeO, et Maddy, pour avoir fait le sacrifice  de se présenter devant le tribunal et de s’être ainsi fait enfermés pour une durée indéterminée. Je ne suis juste pas enthousiaste à l’idée de faire le moindre pas en direction d’une cellule. »

D’autres convocations avec des charges criminelles pourraient très bien être envoyées par ce grand jury avant le terme prévu de l’enquête en mars 2014, à moins que le terme ne soit lui-même repoussé.

Plus d’infos :

Montréal, là où sourient les flics…

20100610-172144-gÉtrange aperçu de la vie quotidienne montréalaise que de passer quelques jours à sillonner la capitale du Québec. On se représente le Canada un peu comme les pays scandinaves, c’est-à-dire un de ces pays où tout-le-monde-il-est-beau-il-est-gentil. Un de ces endroits où tout le monde bosse car il y a du travail, où chacun fait son job honnêtement parce que c’est simplement comme ça que ça se passe.

Eh bien, difficile d’être déçu. Au contraire, être plongé dans cette sérénité du quotidien est bien déconcertant. On est, tour à tour, rapidement tenté de se laisser gagner par cette bonne humeur générale, et terriblement angoissé par ce monde parfait sans saveurs sans tensions sans passions. Comment décrire ce léger embarras lorsque le commerçant qui va te refourguer sa marchandise te lance un « Salut ! Ça va bien ?! » d’un air jovial et complice comme si on était pote, frère, camarade, ou peut-être seulement concitoyen ? Comment expliquer le choc et la gêne que tu te prends quand tu te retrouves pris dans une espèce de quiproquo avec un flic et qu’il te gratifie d’un sourire et même d’un rire de bon cœur ? Étrange, brrr…, terrifiant… Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ?

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