Archives par mot-clé : gentrification

Oakland : harceler les entreprises technologiques, vecteurs de gentrification

b7036d0953a75245844d520ae1aca1ceUn bus Google a été bombardé de peinture dans le quartier Temescal durant le trajet du matin. Le bus était entièrement de Google.

Google, Facebook et les autres entreprises de haute technologie ont été sommés de partir. Ils ne l’ont pas fait. On leur a dit pourquoi ils devaient partir. Ils n’en ont rien eu à foutre. Alors maintenant, ça nous est égal. Attendez-vous davantage à ce que les entreprises de haute technologie cessent leurs services de navette gratuite. Nos rues se remplissent de gens apolitiques collés à leurs smartphones. Ils font grimper les loyers. Nous ne pouvons pas payer nos loyers. Nous sommes expulsés. Nous sommes déplacés. Ils mènent la grande vie. Chaque fois qu’ils marchent dans la rue, nous voyons leur richesse, leur privilège, leur confort. Derrière eux, nous voyons le problème des SDF, la toxicomanie, la violence et le désespoir. Ils ne se soucient que d’eux-mêmes. Nous nous soucions des gens.

Pour les chauffeurs de bus syndiqués, nous ne vous voulons aucun mal, mais ne vous mettez pas entre nous et la classe dirigeante. Vous avez davantage en commun avec nous qu’avec eux. Agissez comme ça.

Des anonymes

[Publié le 22 mars 2015 sur le Chat Noir Émeutier. Traduction d’une brève parue sur Indy-Bay le 19 mars 2015.]


Deux autres articles au sujet de la lutte contre la gentrification et anti-tech dans la baie de San Francisco :
A San Francisco, un mouvement anti-technologie prend de l’ampleur (avril 2014)
Californie : sabotage contre la gentrification (avril-mai 2014)

pomme perdue 3Un texte de Lilith Jaywalker, trouvé dans le zine Permafrost

Quand elle était petite, Lilith participait à tous les jeux de tirage du fromage Kiri ou du cacao Banania dans l’espoir de gagner le voyage en Amérique qui lui ferait découvrir Disneyland et les gratte-ciels de New York. Pour tout prix, elle ne reçut que quelques bons d’achat qui eurent néanmoins le mérite de faire d’elle une enfant incrédule.

Les années passèrent et l’adolescence venue, Mickey cessa brusquement de l’obséder. En revanche, elle rêvait toujours de croquer la grosse pomme. Elle dut patienter encore un peu, mais la vingtaine tout juste révolue, le temps d’une saison – celle de l’été indien 1981 – Lilith eut le privilège de sacrifier par trois fois ses semelles de cuir aux trottoirs d’un Bowery jonché de tessons de bouteilles et autres seringues usagées.

Le Boeing de la British Airways amorça son atterrissage un début de soirée, penché sur le côté au-dessus de la baie de Manhattan éclairée comme un gâteau d’anniversaire ou une vitrine de Noël et Lilith eut du mal à croire que c’était là son allure habituelle. Elle était impressionnée par ces géants qui lui semblaient avoir revêtu leur costume de fête en velours sombre aux mille boutons dorés et ne s’être dressés vers le ciel que pour l’accueillir, elle – juste pour que son rêve devienne réalité – en lui tendant les bras, tout en lui chuchotant à travers le hublot : – Bienvenue Lilith ! – Mais t’as encore rien vu, tu sais, attends d’être en bas…

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Détroit, ville sauvage

arton53Bienvenue à Détroit, ancienne capitale de l’automobile, devenue capitale du crime où l’herbe pousse sur les parkings et où les bâtiments s’effondrent. Ici, bien que les graffitis annoncent des jours apocalyptiques, un nouveau mode de vie prend forme. Détroit Ville Sauvage observe avec intelligence, coolitude, philosophie et distance, les changements dans les paysages urbains à ce moment historique où le « post » s’écrit avant « utopie » ou « dollar ».
D’invisibles désastres ont ruiné la ville. Tout ce qui reste, ce sont des spots radio pour lutter contre l’endettement, des gangs de chiens errants, et un mystérieux tas de bibles calcinées. Mais au delà de cela, les gens ont commencé à se réorganiser en sociétés autonomes, où les pionniers font pousser des légumes et croient de nouveau au futur. Florent Tillon dirige sa camera sélective vers où les nouvelles idées poussent, parmi les ruines du XXe siècle et de son « progrès éternel ».

Vidéos reprises du site Lundi matin.

Sur Seattle, contre Seattle : Metropolis (2012) – Episodes 1 à 11

arton8Metropolis a été réalisé en 2012. À Seattle, à propos de Seattle et contre Seattle.

Épisode 1 – Introduction

Épisode 2 – Light rail

Épisodes 3-4 – Energy – Hydroelectricity

Épisode 5

Épisode 6

Épisode 7

Épisode 8

Épisode 9 – L’empire Microsoft (début)

Épisode 10 – X-box

Épisode 11 – L’empire Microsoft (partie 2)

 

Repris du site Lundi matin.
Playlist Youtube du film en entier (en anglais).

Fireworks n°3

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Sortie, qui date déjà un peu c’est vrai, du n°3 de « Fireworks – a Bay Area anarchist news magazine« , journal anar de San Francisco, Oakland et alentours. Au sommaire, la lutte contre la surveillance et les caméras, la bataille contre Google et la gentrification de la ville, le compte-rendu des initiatives et actions des réseaux « antagonistes » comme ils disent, et un retour sur la grande grève de la faim qui a secoué les prisons californiennes durant l’été 2013 (30000 taulards en mouvement !)…

La crise en Californie.

Tout ce que touche le capitalisme devient toxique

Texte de Gifford Hartman publié en janvier 2010 sous le titre « Crisis in California: Everything Touched by Capital Turns Toxic »

 « Je serais très content si vous pou­viez me trou­ver quoi que ce soit de bon (sub­stan­tiel) rela­tif aux condi­tions éco­no­miques en Californie …. Pour moi, la Californie est très impor­tante car nulle part ailleurs, le bou­le­ver­se­ment dû à la concen­tra­tion capi­ta­liste ne s’est ins­tallé à une telle vitesse et de façon aussi cyni­que. »

Lettre de Karl Marx à Friedrich Sorge, 1880

La concen­tra­tion capi­ta­liste qu’obser­vait Marx en 1880 s’est pour­sui­vie jusqu’à aujourd’hui avec une telle rapi­dité que les condi­tions éco­no­miques en Californie ont mûri au point d’en être deve­nues toxi­ques (1). Tandis qu’il pollue autant l’envi­ron­ne­ment rural que l’espace urba­nisé, le capi­tal a atteint un niveau de pro­duc­ti­vité et une capa­cité à accroître la pro­duc­tion de mar­chan­di­ses encore jamais ima­ginés. Cette sur­ca­pa­cité est en contra­dic­tion fla­grante avec son inca­pa­cité crois­sante à satis­faire les besoins humains ; l’inca­pa­cité du capi­tal à accu­mu­ler de la valeur rend super­flus des sec­teurs entiers de la classe ouvrière. C’est dans la vallée cen­trale de Californie que ces condi­tions sont deve­nues les plus dan­ge­reu­ses ; des mai­sons inoc­cupées côtoient la misère sor­dide des nou­veaux sans-abris qui se réfugient dans des vil­la­ges de tentes (Tent Cities) (2) et des bidon­vil­les déjà sur­peu­plés et qui pro­lifèrent. Ce bou­le­ver­se­ment révèle les mys­ti­fi­ca­tions du capi­ta­lisme et en montre sa réalité, comme on le voit avec les chif­fres du tableau sui­vant pour l’ensem­ble des Etats-Unis :

Les saisies aux Etats-Unis

Nouvelles expul­sions : 6 600 par jour
Une expul­sion toutes les 13 secondes (3)
Nombre de loge­ments inoc­cupés : 19 000 000 (4)
Nombre de per­son­nes sans loge­ment : 3 500 000 (y com­pris 1 350 000 enfants) (5)

Ainsi le calcul est simple :

Il y a au moins cinq loge­ment vides par per­sonne sans domi­cile !

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San Francisco : Interview avec le collectif Homes Not Jails !

Extrait de Fireworks n° 2, un petit journal anarchiste de San Francisco et alentours, paru à l’été 2013. Traduit par nos soins.

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Le collectif Homes Not Jails (HNJ) de San Francisco a été créé en 1992 en réponse au nombre très important de personnes à la rue, alors que dans le même temps il y avait énormément de maisons vides depuis des mois ou des années. A travers la réappropriation discrète de maisons vides, l’occupation de bâtiments publics et l’action directe, HNJ vise à satisfaire le droit humain de base qui est que tout le monde puisse avoir un logement sûr et gratuit. Le collectif s’occupe, par exemple, de repérer régulièrement des maisons vides en arpentant les rues et permet ainsi à celles et ceux qui en ont besoin de se loger pour quelques nuits. Le collectif est influencé par des slogans du genre « La propriété c’est du vol » ou bien « la propriété c’est de la violence » : « Il y a chaque nuit des personnes condamnées à dormir dans la rue, des personnes blessées, des personnes affamées, en train de crever, ou harcelées par la police… Comment dire que ce n’est pas de la violence, alors qu’il y a toutes ces maisons qui ne sont pas utilisées ? »

Homes Not Jails tient chaque semaine une réunion « action » en plus des ateliers réguliers d’éducation populaire. Les réunions du mardi soir permettent aux gens qui ont besoin d’un endroit pour la nuit de passer immédiatement à l’action. Lorsque l’assemblée commence, les personnes venues se présentent, puis expliquent si elles ont besoin ou non d’un logement pour la nuit ou si elles peuvent aider aux repérages après la réunion : « Quand on est dans une situation d’extrême galère pour la nuit à venir, c’est un peu compliquer d’aider directement à repérer des maisons. C’est pourquoi il y a un lieu dédié à l’accueil des gens pour la première nuit », dit le collectif HNJ. Une fois que la question de l’hébergement pour la nuit est réglée et que les rencarts sont pris pour la semaine, les personnes de l’assemblée forment des « équipes de recherche » pour partir repérer les maisons vides.

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Detroit, ville mutante ?

3832131096_46783b68cd_bDetroit ? Une ville malade ? Une carcasse de ville ? Une ville post-catastrophe ? Un peu de tout ça sans doute….

Un fantôme de ville

Commençons donc par le décor quasi apocalyptique. Les maisons sont abandonnées par dizaines de milliers et certains quartiers sont tout simplement déserts. Des baraques sont éventrées, les carreaux cassés, le toit cramé. Des habitations se trouvent une seconde vie en hébergeant herbes folles, arbustes et toute la flopée d’écosystème qui va avec. Des logements sont squattés  pour une nuit par les galériens en mal d’abri, et des tas de maisons sont barricadées avec de grandes planches de bois solidement vissées. Et partout, les mêmes panonceaux, plus ou moins délabrés par le temps, rabâchent leur éternelle rengaine « For lease », « For sale », à louer, à vendre, à vendre à louer…

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