La révolte des GIs au Vietnam : un récit personnel de Dave Blalock

libertyTexte en anglais provenant du site anar britannique Libcom.org  et traduit par le Collectif Anarchiste de Traduction et de Scannerisation (CATS) de Caen en mars 2012.

Le vétéran du Vietnam Dave Blalock fut l’un des plaignants dont le recours légal auprès de la Cour Suprême infirma la loi du président Bush interdisant de brûler le drapeau américain. Le texte suivant détaille ses expériences au Vietnam : un exemple des méconnues et pour autant nombreuses mutineries, révoltes et élimination pure et simple des officiers par leurs troupes durant la guerre du Vietnam.

En complément de ce texte nous renvoyons à 2 très bons sites internet. L’excellent site internet Sir, No Sir qui rassemble plein de documents, en anglais, sur le mouvement des GIs et plus de 1500 illustrations, photos, couvertures de journaux etc. Et le site Freakence Sixties vaut également le détour : on peut trouver plein de traductions en français de documents concernant les mouvements étudiants, noirs, ouvriers, contre-culturels, anti-guerre aux USA dans les années 1960.


J’ai grandi en Pennsylvanie occidentale, dans une région de mines de charbon et d’usines sidérurgiques. J’ai eu mon diplôme de fin d’étude au lycée en 67. À cette époque, vous ne pouviez pas vraiment avoir un travail dans les usines ou les mines à moins que vous ayez une exemption de conscription. Pratiquement le seul moyen d’avoir une exemption c’était d’aller à la fac ou de se marier. J’ai fait des boulots infects, fait griller des hamburgers et ce genre de trucs, mais je n’ai pas eu d’exemption. Une paire d’entre nous décida qu’on pourrait aussi bien aller à l’armée. Il y avait un peu de patriotisme là dedans et c’était assez traditionnel de toute façon. Tout le monde allait à l’armée, les pères et oncles de tout le monde avaient été à l’armée. Ça me semblait être la seule chose à faire, alors j’y ai été et j’ai vu le recruteur et j’ai signé pour être un spécialiste en communications. Alors que j’étais en période d’instruction de base, je me suis retrouvé AWOL (Absence WithOut Leave, en situation d’absence sans autorisation ou permission, au bout de 30 jours dans cette situation, on est déclaré déserteur, NdT). Peu après je me suis retrouvé en quartier disciplinaire (prison militaire, NdT), il y a eu une mutinerie dans le quartier disciplinaire après que les gardes aient tabassé une paire de gars noirs. Les MPs (membre de la Police Militaire, NdT) sont entrés avec des gaz et des chiens. Ça m’a ouvert les yeux. Du fait de l’endroit où j’avais grandi, j’avais jamais vraiment connu de gens noirs ni su contre quoi ils s’élevaient. L’armée, et cette expérience dans le quartier disciplinaire, furent mon premier aperçu de ce que la vie était pour eux. Finalement je fus relâché du quartier disciplinaire et renvoyé finir mon entraînement de base. Mon commandant de compagnie me raconta que depuis que j’avais été au quartier disciplinaire, et vu que maintenant j’avais un « dossier », je ne serais probablement pas autorisé à garder mon MOS (ma qualification professionnelle dans l’armée). Il me dit que je devais prouver au gouvernement que j’étais sincère et que j’aimais mon pays. Il me raconta que la seule manière de le prouver c’était de me porter volontaire pour le Vietnam. J’ai dit « OK » et j’ai été envoyé à Fort Gordon, en Géorgie, à l’école de communication. Un jour on est retourné à notre compagnie pour des cours de formations et sur toutes les couchettes des baraquements il y avait des exemplaires d’un journal clandestin de GIs nommé « The Last Harass » (« Le dernier harcèlement », le titre renvoie probablement au slogan courant parmi les soldats « Harass the Brass », Harcelez les huiles, les huiles désignant le corps des officiers, NdT). Les officiers se démenèrent pour essayer de les récupérer mais un gars réussit à en sauver un exemplaire. Cet exemplaire circula dans tous les baraquements, de la main à la main. « Waouh » j’ai pensé, « c’est vraiment cool ». Après le quartier disciplinaire et l’entraînement de base, je détestais tout ce bordel avec passion. Le journal clandestin avait une approche anti-guerre et était incontestablement antimilitaire, presque comme un journal syndical. Et comme les officiers le détestaient, je l’aimais encore plus. Ce journal constitua mon introduction dans le mouvement clandestin des GIs, mais je ne me suis jamais vraiment connecté avec lui avant de recevoir l’ordre de partir au Vietnam.

Je suis arrivé au Vietnam vers les vacances de la fête du Têt (le nouvel an vietnamien, NdT) en 1969. La première chose que j’ai remarqué, au delà du fait que tout le monde était nerveux à propos du Têt (le Têt de l’année précédente, 1968, avait vu le déclenchement surprise d’une vaste et sanglante offensive vietcong, NdT), c’est que tout le monde portait des symboles pacifistes. Les trucs « Black Power » étaient partout, et tout le monde semblait avoir une attitude FTA (Fuck The Army). Je fus assigné à une unité de communication dans un petit camp appelé Long Than Nord. Au moins j’étais pas dans l’infanterie, alors je me disais que ce serait pas trop mal.

Mais après environ 2 mois, ils ont décidé de mettre sur pied une section de sécurité pour assurer la garde aux entrées, sur les miradors, et pour faire des patrouilles de proximité. Chaque compagnie dans notre petit complexe devait fournir 4 ou 5 gars pour faire partie de cette section de sécurité. J’étais nouveau dans mon unité alors j’ai terminé dans la section de sécurité. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Je m’étais enrôlé et ensuite porté volontaire pour le Vietnam pour devenir spécialiste en communication, et là je me retrouvais là dedans. Mais la section de sécurité s’avéra être une très pauvre sorte d’unité. L’officier commandant était du S2, le service de renseignement, mais il ne se pointait jamais. Le sergent qui dirigeait le spectacle était ce gars noir appelé Sugar Bear (littéralement « Ours en sucre », NdT). Juste après que je sois arrivé, Sugar Bear me prit à part et me dit « Blalock, on est pas là pour tuer des VC (sigle générique désignant le/les VietCongS, les insurgés « communistes » du Front National de Libération du Sud Vietnam, soutenus par l’armée nord-vietnamienne, NdT), on est là pour survivre putain ! Si tu veux être un Gung-Ho (terme argotique désignant un soldat enthousiaste, NdT), tu vas vite crever. J’ai répondu « Hé, pas de problème mec, j’suis pas un gung-ho, je veux même pas faire cette merde ». On s’est bien entendu. La section de sécurité faisait ce qu’on appelait des patrouilles « Search and Avoid » (« Chercher et Éviter ») au lieu de patrouilles « Search and Destroy » (« Chercher et Détruire »). Quand on était supposés aller en patrouille de nuit, on allait à environ 400 mètres de cette plantation d’arbres à caoutchouc et on se planquait là toute la nuit. Il n’y avait pas beaucoup d’action parce qu’en général il y avait une trêve non officielle avec le VC local. On les emmerdait pas et ils nous emmerdaient pas. Les seuls fois où on allait dans le village c’était quand on prenait la jeep tous les matins pour prendre les femmes de ménage qu’on avait embauché pour nettoyer nos baraquements. Tous les soirs on les ramenait à la maison. Chaque fois qu’on allait au village, c’était une scène amicale, on s’en allait, on disait « salut ! » et on se quittait.

Je me souviens d’une fois où Sugar Bear m’a demandé si je savais ce qu’était l’impérialisme. J’ai dit « Quoi, tu veux parler de la Chrysler Imperial ? ». Il en est presque tombé de rire, mais il m’invita à rejoindre ces groupes de discussion qu’ils organisaient. Il recevait le journal des Black Panthers par la
poste. On avait ces groupes de discussion à propos du journal, c’était presque tous des gars noirs et il y avait aussi quelques rares gars blancs. C’est alors que j’ai appris à épeler correctement « AmeriKKKa » (terme désignant l’Amérique tout en dénonçant son racisme, les lettres KKK renvoyant au Ku Klux Klan).

C’est à peu près à la même époque qu’a eu lieu un autre incident. Je revenais d’une patrouille de nuit, je rentrais dans le baraquement et je me mettais dans la couchette. Je remarquais que les femmes de ménage étaient inhabituellement calmes, et l’une d’entre elles pleurait. J’ai pensé un moment qu’un de nos gars avait donné du mauvais temps à l’une d’entre elles ou un truc du genre. J’ai répété « Qu’est ce qui va pas ? Qu’est ce qui va pas ? ». Finalement l’une d’entre elle me dit «Ho Chi Minh est mort ». « Et alors, c’est un communiste » j’ai répondu. « C’est quoi le problème ? ». Elle est rentée dans la discussion. Elle connaissait mieux l’histoire américaine que moi et elle me raconta « qu’aux États-Unis quand vous avez eu votre révolution contre les impérialistes britanniques, un tiers de votre population était pour la révolution, un tiers s’en foutait et environ un tiers soutenait les britanniques. Ici, au Vietnam, 75% des gens soutiennent la révolution contre les impérialistes. Ho Chi Minh est notre leader national, tout le monde aime Ho Chi Minh. ». Elle commença à comparer la guerre du Vietnam contre la domination impérialiste à celle des américains contre les britanniques. Cette conversation me choqua. Elle était là, dans nos baraquements, et elle était sympathisante de la révolution et la voyait comme une lutte antiimpérialiste. Je savais que le VC était partout mais jusqu’alors je n’avais jamais connu directement un VC. Il y avait là cette femme qui cirait nos rangers et faisait notre lessive et d’un coup je réalisais que c’était contre elle qu’on était supposé se battre. Je réalisais alors à ce moment que les Etats-Unis étaient du mauvais coté d’une terrible guerre d’agression.

Frag !

[terme intraduisible : a frag, to frag, fragging sont des termes qui désignent une tentative de liquidation d’un officier le plus souvent en utilisant une grenade à fragmentation, NdT]
bring_me_homeEn août 69, on a eu quelques nouveaux gars dans la section de sécurité, des cramés venant de la 1ère Division de Cavalerie (une division de troupes de combat héliportées, NdT). Je pense qu’ils étaient supposés être affectés à une unité facile pendant un moment pour essayer qu’ils récupèrent ensemble. Je
me souviens qu’un jour on est sorti en patrouille. On leur a dit « Restez peinards, suivez nous, on va juste au village pour prendre quelques marchandises ». Alors qu’on quittait le village, on a entendu ces cramés ouvrir le feu. Ils ont fait exploser un groupe de gens, un paire d’enfants. On est tous revenus en arrière et immédiatement un grand débat éclata parmi les autres gars. Certains pensaient qu’on devait tuer ces trous du cul sur place pour ce qu’ils avaient fait. Peut-être qu’on aurait dû, parce qu’après ça, on a commence à être frappés par le VC. Mais avant qu’on ait pu prendre une décision, le Commandant avait pris un hélico sur le terrain – il était si content d’avoir finalement un « body count » (terme désignant le décompte
officiel des morts, NdT). Il y avait 6 ou 7 civilEs qui avaient été tuéEs. Mais dans le rapport qui partit du bataillon vers la brigade, ils doublèrent le nombre. Il doit avoir continué à gonfler tout au long de la chaîne de commandement parce qu’à l’époque l’incident a été rapporté dans le journal de ma ville natale, que je recevais par la poste, et le décompte des morts était de 200 VC tués. Notre côté avait brisé la trêve non officielle et maintenant on commençait à être frappés. Les gars voulaient revenir au « Chercher et Éviter ». Malheureusement les huiles, depuis le confort de leurs bureaux, aimaient le parfum du sang. Notre commandant de compagnie commença à nous mettre une grosse pression pour avoir des « body count ». Nous commençâmes à être harcelés à propos de nos cheveux, les gars noirs étaient harcelés à cause de leurs symboles Black Power et de leurs coupes afro, et d’une manière générale la vie devint misérable.
Après avoir subi une quantité affreuse d’harcèlements constant, les GIs eurent ce grand rassemblement dans les bunkers une nuit. Le débat était de savoir s’il fallait « fragger » le commandant de la compagnie. Les Frères (les soldats noirs apparemment, NdT) étaient principalement ceux qui voulaient le liquider. On le haïssait tous, mais certaines personnes ne pensaient pas qu’on devait le tuer. Pour régler la chose, quelqu’un mit en avant qu’on pouvait peut être s’unir sur l’idée de lui donner une chance supplémentaire, de lui donner juste un avertissement, et chacun généralement accepta. Quelqu’un laissa une grenade dans la couchette de l’officier commandant avec une note accrochée dessus : « Arrête de nous faire chier ! ».

L’officier commandant devint dingue et intensifia toute la merde qu’il nous balançait. Alors environ 2 semaines plus tard, il y eut un autre rassemblement des GIs dans les bunkers. Il y avait encore plus d’opinions en faveur de la liquidation de l’officier, mais un gars avait bossé avec un syndicat avant son service, et il dit « Écoutez, on va lui donner un dernier avertissement » et c’est ce qui se produisit. Cette fois la goupille de la grenade fut partiellement retirée. Tu donnes une chance au gars, tu te penches en arrière, tu montres de la bonne volonté et t’essayes d’être raisonnable.

Mais au lieu de voir le conseil, l’officier commandant s’en prit encore plus à tout le monde, avec encore plus de harcèlement et de conneries. L’officier devait penser que l’avertissement provenait de la section de sécurité, parce que tout d’un coup il y eut tous ces nouveaux gars dans notre section, évidemment ils étaient des renseignements militaires. Mais on était juste une petite section dans tout l’endroit, et on était vraiment cools, parce que de toute façon c’était pas nous. Environ une semaine plus tard, l’officier ouvrit la porte de son baraquement et une charge le fit exploser. Pendant un moment après ça, tout le monde était gentil avec nous, tout le monde était amical – c’était comme un vent frais soufflant dans l’air. Personne ne sut jamais qui avait fait exploser l’officier.

Grève des GIs

L’officier commandant qu’ils envoyèrent ensuite était beaucoup plus mielleux que l’ancien. Tout allait très bien, mais alors un gars de notre section alla à Hawaii pour sa R&R (Rest and Recuperation, Repos et Récupération, permission exceptionnelle d’une semaine octroyée une fois lors de l’année passée au Vietnam, NdT) et retrouver sa fiancée là-bas. . Quand il revint, on était planqués dans les bunkers en train de faire la fête. Il entra et déplia une publicité d’une pleine page tirée du New York Times, signée par 1500 GIs en service actif dénonçant la guerre et soutenant la grande manifestation pour un moratoire qui allait avoir lieu. La discussion commença et nous pensions tous que c’était très habile. On commença à discuter de ce que nous pouvions faire ici pour participer à la protestation anti-guerre. Finalement on décida d’utiliser nos lacets de chaussures comme brassards noirs et, un certain jour, on les mettrait et on refuserait d’aller en patrouille. Alors un sergent dit « Fermons toute la base, ne gardons pas ça seulement dans notre unité ». On connaissait des gars dans la 1ère Division de Cavalerie et parmi les conducteurs d’engins et beaucoup d’autres dans toute la base. On diffusa le mot aux autres unités et quand le jour arriva, il y avait 100% de participation dans ma compagnie. L’officier était cependant très mielleux, alors plutôt que de faire un grand esclandre quand il vit tous les brassards noirs, il dit « Hé, vous les gars, vous avez bossé très dur et je vais vous donner un pause aujourd’hui les gars. Vous n’allez pas partir en patrouille, prenez une journée de repos ». On a sauté dans une jeep et on a été voir les autres unités pour voir comment ça se passait chez eux. La participation étaient largement répandue dans les autres unités aussi. Les gars de 1ère Division de Cavalerie étaient presque à 100%. Même certains des sous-officiers portaient le brassard noir. Mais l’affaire avait seulement été partiellement réussie parmi les conducteurs d’engins. Alors qu’on arrivait, leur officier se tenait face à la formation, son pistolet sorti, le pointant sur la tête d’un gars, disant qu’il faire passer le gars en cour martiale sommaire directement sur place si personne n’allait travaillait ce jour là. L’officier disait qu’il accuserait le gars de mutinerie et qu’il l’abattrai sur place. On pouvait voir qu’une partie seulement de la formation portait le brassard et il semblait que l’officier était vraiment en train d’effrayer tout le monde. On était vraiment déprimés mais alors la formation a rompu les rangs et un gars est venu vers nous et nous a dit d’un air narquois « vous inquiétez pas, personne par ici ne travaillera pendant des semaines, on a niqué tous les bulldozers ! ».
Mais le truc probablement le plus étonnant qui se produisit ce jour là ce fut les MPs. Il y avait un petit détachement de MPs – maîtres chien. Ils s’occupaient de la sono de la base. On avait même pas pensé à aller les voir, on se disait « Oh, c’est des MPs » mais ils eurent vent du truc d’une manière ou d’une autre.Ce matin là, au lieu de diffuser la sonnerie du réveil par haut-parleurs, ils  passèrent « Star Spangled Banner » de Jimi Hendrix. C’est comme ça qu’on s’est réveillé, dans toute la base, ce matin là.

Ramener la guerre à la maison

Quand je suis revenu dans le monde, il me restait encore un an et demi à tirer avant la quille. Ce que j’avais à montrer après avoir été au Vietnam c’était un morceau de shrapnel qui m’avait coupé juste au dessus de l’œil, les genoux dégueulassés d’un mec qui a atterri dessus pendant une attaque au mortier et une nouvelle et forte compréhension de la sale gueule de l’Amérique. Le mouvement anti-guerre des GIs était florissant et j’étais heureux de m’y joindre directement. J’étais déterminé à ramener la guerre à la maison. On avait une organisation de Gis, on sortait des tracts, des journaux clandestins, on faisait toutes sortes de choses pour harceler les huiles, on appuyait vraiment dur sur les trucs anti-guerre, on se mettait en lien avec le mouvement civil pour les droits des noirEs ici à Anniston, en Alabama, en lien avec les travailleurs de l’hôpital en grève localement, et on utilisait généralement notre temps restant dans l’armée pour agir sur la compréhension de ce qu’on avait vécu au Nam (diminutif fréquemment utilisé par les vétérans pour désigner le Vietnam, NdT).

Pour moi, le mouvement des GIs fut une chose importante et très positive. Tout mon patriotisme disparut au Vietnam. J’ai aimé la rébellion du mouvement des GIs. Il concentra l’esprit de tellement de gens et, vraiment, cet esprit me porta pendant des années même après que j’ai quitté l’armée. Bien sûr, comme beaucoup d’autres, je me suis trouvé un boulot, j’ai eu des enfants et tout ce qui va avec ça. Mais la réalité a une façon de vous revenir dans la face. Les images ne quittent jamais mon esprit à propos de la guerre et de ce que nous avons fait au gens là-bas. Mais je pense toujours au grand nombre d’entre nous qui se sont dressés face à toutes ces conneries et ont aidés à remettre les choses sur pied aussi. Ça n’est pas arrivé souvent dans l’histoire.
Après que j’ai été arrêté à Washington DC pour avoir brûlé le drapeau, la presse a demandé à mon frère s’il était embarrassé par mon geste. Mon frère a dit « Bon dieu non ! Il voulait brûler un drapeau depuis le jour où il est rentré du Vietnam. Je suis surpris que ça lui ait pris 20 ans pour se décider ». C’est là dont je viens, mes expériences. Je reviens, les yeux grands ouverts.

Maintenant je dis « Trop c’est trop ! ».